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J’ai mâle à mon féminisme

Être ou ne pas être féministe, telle est la question. Lorsqu’on est féministe, il y a certains dogmes à respecter, certaines règles et surtout, certaines choses qu’on ne peut avouer. En réalité, le féminisme existe sous plusieurs formes, mais tout d’abord, il me semble approprié de rappeler tout simplement la notion de féminisme :

Féminisme : Ensemble de mouvements et d’idées politiques, philosophiques et sociales qui partagent un but commun : définir, établir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes.

De ce que j’en comprends, ce qui ressort, c’est ce profond désir d’égalité, cette inégalité étant le marqueur le plus fort de la différence entre les sexes. Mais quand on est féministe, quand on se sent profondément féministe tu comprends, on est tout le temps en colère, enfin moi je le suis.

L’autre jour j’ai participé à un atelier de création de barrettes à fleurs. Pendant l’atelier, on a parlé du corona virus et de cette pandémie qui s’étend. Comme tout le monde le sait, les écoles les crèches sont fermées et dans ce contexte, les parents doivent se relayer pour garder les gosses à la maison. Et vous savez quel a été mon réflexe ? Mon premier réflexe a été de dire que « les mamans restent à la maison pour s’occuper des enfants », il ne m’est même pas venu à l’esprit de parler du papa ! Une nana de l’atelier m’a très justement fait remarquer que cette confusion était encore bien trop installée, et c’est vrai, on est en 2020, j’estime être féministe et pourtant je suis encore complètement dans les idées genrées d’après guerre !

Ce réflexe allume dans mon esprit une petite lumière rouge d’alerte, car je me suis dit, si je veux faire partie du changement comment tu peux toi-même avoir ce type de réflexions ?

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Est-ce que je me ments à moi-même ? Est ce que je fais partie de ces fausses féministes, qui quand elles voient une nana dans la rue qui porte une jupe très courte va se dire « ‘faut pas qu’elle s’étonne après… » mais après quoi ? De quoi ne faut-il pas qu’elle s’étonne ? De se faire agresser ? Insulter ? Violer ? Je fais vraiment partie de ces femmes-là ? NON je dis NON. Et j’ai mal.

J’essaie de comprendre comment des mécanismes séculaires genrés peuvent encore apparaître dans mon esprit alors que NON je refuse d’être comme ça, je refuse, je me bats, je me battrais toujours. J’ai un parpaing dans le bide quand je repense au nombre de femmes tombées sous les coups de leurs conjoints, quand je pense au écarts de salaire (cf le cachet de Florence Foresti aux Césars, cachet moitié moins élevé que ses prédécesseurs mâles). J’ai mâle à mon féminisme quand je pense au comportement ultra violent des CRS durant la marche féministe du 07 mars dernier, marche PACIFISTE , AUTORISÉE, marche faisant partie de notre droit le plus strict !

Je me pose énormément de questions en ce moment, je ne suis pas qu’une pouf, je sais que c’est devenu courant de l’entendre trois fois par journée, mais je dis NON, même si les autres entendent un OUI. Je serais pas la première à dire NON, à répondre aux agressions, j’en ai plus que marre que quand on t’insulte, comme d’hab, tu te tais, c’est ce que les hommes veulent et attendent de nous, que l’on garde la place qu’ils nous ont crée, une place minuscule, plus petite que prend comme place un chat lové sur un coin de canapé.

➡️ Je réponds systématiquement aux attaques, Cédric m’a dit plusieurs fois « mais change de chemin, ne passe pas devant eux et si tu le fais, tu te tais, ne réponds pas aux provocations » MAIS QU’ON M’EXPLIQUE COMMENT ME TAIRE ! Comment la fermer face à des personnes au QI d’une moule et d’une réflexion qui date de l’avant guerre ! Je résisterais et serais prête à me transformer en victime s’il le faut, je l’ai déjà été ce ne sera pas la première fois. J’ai été agressée un tel nombre de fois que j’attends de pied ferme le mec qui me manquera de respect, qui ne me considérera pas comme son égal. Peu importe le geste, aussi minime soit-il – il n’y a pas de gestes minimes d’ailleurs -, ne rien dire, c’est accepter, ne rien dire, changer de trottoir, c’est se préserver quelque part, je suis d’accord, mais les gars putain, la rue est à NOUS TOUS, la rue n’appartient pas à une poignée de mâle trop stupides pour nous laisser rentrer chez nous sans rixe ou mAin au cul. Je refuse cet état de choses. On me dit que je c’est irresponsable comme comportement, dangereux, voire inconscient, mais aujourd’hui ne serai-ce que sortir manifester est risquer sa vie, tout comme rentrer chez soi le soir en tant que femme. Je refuse cet état de fait.

Tout comme je refuse que l’on interprète mon féminisme. Si je me pose toutes ces questions, c’est simplement que le féminisme d’aujourd’hui est devenu revanchard, dans la sur-enchère. Si on ne colle pas aux codes féministes d’aujourd’hui, si on souhaite que les rôles soient les suivants : la nana fait les courses, la bouffe, le ménage, le mec gère le pognon, les papiers, la bagnole et le reste, on ne peut pas être féministe de cette façon.

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➡️ Mais est-ce seulement vrai ? est-ce seulement la réalité ? Les femmes doivent forcément avoir envie de faire un éditer d’homme, faire de la mécanique et ne pas s’épier pour être considérées comme de «bonnes féministes » ? Cela pourrait se comparer à la religion alors. Il y a les bons chrétiens et les mauvais. Il y a les bons Musulmans et les mauvais etc…C’est ça alors en 2020 le féminisme ? On met au pilori toutes celles qui aiment cuisiner, faire les courses, prendre une place de façon totalement délibérée dans leur foyer ? Moi, je fais la bouffe, les courses et le ménage. Sauf que mon mec aussi ! La différence ? Je ne gère pas les papiers pas le fric, pas la bagnole, car je m’en contre fous ! Quand Cédric et moi seront peut-être un jour séparés, je devrais me débrouiller et j’en seras capable, mais là, pourquoi ne pas me laisser céder à la faciliter ? C’est un choix libre que de vouloir que les choses restent comme ça, ce n’est pas mal, ce n’est pas mâle, c’est une LIBERTÉ ! Au même titre, pourquoi acculer les femmes qui souhaitent volontairement porter le hijab ? Elles se font regarder de travers, insulter par des féministes extrémistes qui les toisent du haut de leurs touffes d’argent.

➡️ Être féministe et aimer le rose et les gens qui l’osent, est-ce être anti-féministe ? Suis-je une mauvaise féministe si j’aime tout ce qui est codifié « fille » : les teintes pastel, les prout-prouteries, les flanelles, les fleurs  jolies, la dentelle, la mode et l’amour, les « soirée filles », les jupes qui tournent et les volants, les tutus en tulle, les Robes fleuries que portent les filles, j’aime regarder les beaux garçons, les ventres ronds, les barrettes à fleurs et les chardons, les paillettes et les petites couettes, les arc-en-ciel et les ruelles romantiques typiques. J’aime faire la popote, mes copines qui papotent, le vin blanc sucré et le romantisme assumé.

Alors, pour toutes ces raisons, suis-je une fausse féministe? Qui suis-je aujourd’hui , de quoi j’ai envie ?

La seule chose qui soit certaine, c’est qu’il est hors de question que quelqu’un décide cela a pour moi, féministe ou non, la seule chose immuable est la sororité qui doit exister entre nous. Sans oublier les hommes féministes qui nous entourent, eux aussi ont une voix, des valeurs, des envies ! Il ne faut surtout pas creuser ce fossé qu’Ils souhaitent entretenir depuis bien trop longtemps à présent. Je refuse de rentrer dans un carcan qui modélise la féministe comme si elle devait correspondre à un cahier des charges. Je suis féministe, j’aime le rose, je me trompe quand je parle de genres, je suis à côté de la plaque, mais je suis une femme libre. Qu’on arrête de casser les pieds à nos sœurs qui décident de LEUR féminisme.

Voilà, c ‘est tout pour moi.

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Cha’

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