Rayures & barbe à papa

Photos par Caroline B photographies

J’ai beau avoir 25 ans (et presque toutes mes dents), je mange de la barbe à papa, les foires me vendent toujours autant de rêve, je sautille comme une gamine sous les lumières artificielle des auto-tamponneuses et surtout, je dépense mon argent pour chopper des canards. On a beau penser qu’après 20 ans les choses sérieuses commencent, mais c’est surtout les ennuis qui nous tombent dessus rapidement. On a hâte de grandir, on a hâte d’être une grande personne et de pouvoir sortir jusqu’à pas d’heure, mais une fois le pied mis dedans, on a bien du mal à trouver les aspects qui nous réjouissaient tant étant enfant.

J’ai voulu entrer dans un manège pour conduire une voiture Toy Story, mais M. Le forain a refusé que je monte car je suis trop vieille pour ça. Tant pis, j’ai pris une barbe à papa et j’ai foncé attraper des canards.

On a beau travailler, on a beau voir nos premières ridules arriver, on reste des grands enfants, certainement par survie, pour ne pas prendre les dernières prises d’otages racontées aux infos en pleine face.

On a beau être diplômés, porter des escarpins et voir son compte en banque aller dans le rouge, on ne nous enlèvera pas cette part d’enfance qui ne partira jamais vraiment, à 25 comme à 70 ans.

Porter un sautoir avec des petits coeurs, nouer des noeuds papillon dans ses cheveux & offrir à une petite fille la baguette magique étoile gonflable qu’on a gagné à la pêche aux canards, c’est ça trouver le juste milieu entre innocence & âge adulte. Surtout les Vilaines, ne grandissez pas, mangez de barbes à papa & faites-vous engueuler par le dentiste parce que 2-3 caries il y’aura.

Après tout, à part une dent, qu’est-ce qu’on perdra?